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Interview

Interview de Gaëtan Cognard : “C'est motivant d'agir au quotidien pour les habitants. 

Maire des quartiers Bellefontaine, Reynerie et Mirail-Université. Mais aussi conseiller municipal délégué depuis cinq ans, élu au moment de la dernière élection municipale en 2020.

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Fédé : Qu'est-ce qui vous anime le plus dans cette fonction ?

 

Gaëtan Cognard : 

Agir et impulser des politiques publiques, c'est important. Ce qui m'anime le plus c'est qu'on se doit d'être nuancé en tant que politique et surtout d'agir sur le moyen et sur le long terme. Répondre en proximité aux habitants, mais surtout envisager l'avenir avec les incertitudes et les réduire.

C'est ça qui est plutôt motivant, agir au quotidien pour les habitants. 


 

Fédé : Quelles sont vos interactions avec les autres élus de la ville ?

 

G.C : 

Alors, elles sont nombreuses, de différentes façons. Déjà, on est tous très occupés dans nos journées, donc on se voit plutôt dans des réunions dédiées. 

Le plus simple, c'est de s'appeler par téléphone et se dire, “voilà, là j'ai un petit souci” ou alors “j'ai besoin d'un complément d'information”.

 

 

Fédé : En tant que conseiller municipal délégué, quels sont vos principaux défis à relever ?

G.C :

Alors, être conseiller municipal délégué à la politique de la ville, c'est une politique publique qui s'intéresse aux quartiers populaires, qui s'intéresse aux quartiers les plus en difficulté.

L'objectif de cette politique publique, c'est souvent de réduire les écarts, donc on agit dans des quartiers comme Empalot, Bellefontaine, Reynerie, les Izards… mais pas seulement.

On n'est pas là que pour faire en sorte de régler les problèmes, on est aussi là pour valoriser les talents de nos quartiers et renforcer les capacités des habitants aussi.

Il y a de belles choses qui se passent dans nos quartiers populaires, notamment avec de nombreux commerçants qui ont beaucoup d'idées. Il y a de nombreux entrepreneurs dans nos quartiers qui investissent et qui sont parfois beaucoup plus innovants que dans d'autres quartiers. 

Fédé : Justement, comment vous informez-vous des besoins et des attentes des commerçants et des habitants de vos quartiers ?

 

G.C :

Par des rencontres. C'est le meilleur moyen. C'est-à-dire en allant sur Bellefontaine notamment, où il y a un certain nombre de commerçants importants. Aller à leurs rencontres, échanger lors des jours de marché aussi, parce que souvent le jour du marché c'est les lieux où il y a de nombreux commerces, au moins sur Reynerie et Bellefontaine.

Lorsqu'il y a des aménagements, forcément on le fait avec des réunions dédiées : “on envisage ça”, “qu'est-ce que vous en pensez?”, “est-ce que vous avez des modalités dans la mise en œuvre, des choses à bouger?”. 

C'est comme ça qu'on le fait, des réunion dédiées quand c'est important et sinon la proximité, au quotidien.

 

 

Fédé : Lorsque vous croisez un habitant dans la rue, vous vous sentez comme un élu, un voisin ou un collègue ?

 

G.C : 

Je me sens plutôt comme un élu parce que forcément dans le quartier lorsqu'on se rencontre, on interroge l'élu. Généralement on me pose des questions s'il y a un problème, mais on félicite aussi les avancées qu'il y a pu avoir sur le quartier, Donc la plupart du temps j’y vais en tant qu'élu et c'est bien normal.

 

 

Fédé : Et justement vous avez de bonnes relations avec les habitants de vos rues? Vous êtes bien reçus à chaque fois ?

G.C : 

Ecoutez, oui, c'est plutôt agréable. (rires) Que ce soit avec les commerçants ou avec la majorité des habitants du quartier, en les ayant en live, c'est bien différent de ce qu’on peut avoir dans des commentaires sur les réseaux sociaux avec parfois des non-habitants. Mais en live, le rapport est tout différent et c'est beaucoup plus nuancé.

 

 

Fédé : Quels sont les projets que vous avez mis en place récemment et dont vous êtes le plus fier ?

 

G.C : 

Sur les quartiers, c'est rendre efficient le vacant, je m'explique. 

Quand on veut aménager des quartiers, entre le moment où on établit le projet et le moment où il va y avoir les premières constructions, ça peut prendre du temps.

Des fois, il y a des immeubles à démolir. Parfois, il y a des fonciers, des espaces de terrain qui vont rester vagues pendant 2-3 ans.

Par exemple, ce qu'on a pu faire c'est que nous avions l'ancien collège Badiou qui a été démoli il y a 2 ans. Et plutôt que de laisser ce terrain vague, de ne rien en faire, j'ai décidé qu'il puisse y avoir un projet d'agriculture urbaine temporaire.

Donc un projet d'agriculture urbaine où il y a des tomates et des concombres qui ont été cultivées. Là, on va arriver au 3ème été.  Il y a eu de l'apport de terre avec énormément de quartiers et avec notamment une association, la MILPA.

Non seulement pour faire des bénéfices aux habitants du quartier avec des prix pas chers, pour manger correctement, quasiment que du bio.

Mais en plus, ça régénère le sol, parce que pendant 50 ans il y avait un collège dessus. Quand on construira le nouveau quartier, avec notamment un projet d'agroforesterie, le sol  et les plantes seront meilleurs, il y a une régénération complète et elles pousseront mieux.

Et bien, rendre efficients le vacant, que ce soit du foncier ou des bâtiments, je trouve que c'est plutôt intéressant dans la façon de construire la ville.

 

 

Fédé : C'est un beau projet.

Comment gérez-vous la pression entre les attentes des habitants et les contraintes budgétaires ?

 

G.C : 

En expliquant la réalité, en évitant les petites phrases, en étant nuancé, d'autant plus à l'aube des réseaux sociaux et des interviews trop souvent rapides. Trop souvent, on manque de temps pour expliquer la complexité, notamment de l'élaboration des projets. Donc en expliquant, en prenant le temps, ça marche.

Généralement, la plupart des habitants comprennent les difficultés parce que les contraintes budgétaires, on y est tous contraints. Que ce soit une collectivité ou que ce soit un ménage, on est tous contraints budgétairement, donc ça s'entend.

 

 

Fédé : Si vous deviez décrire une journée type de votre vie, à quoi elle ressemblerait ?

 

G.C : 

Elle commence tôt généralement, de 8h du matin jusqu'à tard le soir.

Alors elle n'est pas composée de la même manière, c'est-à-dire que le matin, je me retrouve soit dans ce bureau au Capitole, soit du côté de Reynerie. Il y a des jours pour aller rencontrer les habitants pour pouvoir échanger. Mais aussi de multiples réunions pour des arbitrages, à la fois en termes de proximité du quotidien que les aménagements qu'on peut avoir dans le quartier.

Il peut y avoir aussi des projets à plus grande échelle sur la ville de Toulouse avec la délégation à la politique de la ville. Et des déjeuners, toujours des déjeuners de travail (rires). 

 

Fédé : Ce sont des journées toutes différentes ?

 

G.C : 

Plutôt toutes différentes, oui, l'ennui n'existe pas.

Et puis il y a les journées spéciales permanences, où là, il y a un temps dédié, à la rencontre formelle avec des habitants.

De fait, quand on est dans le quartier et qu’on rencontre des habitants : ils notent leurs demandes, et on la traite. 

Mais il y a aussi des grandes demi-journées de cinq heures, où là, on écoute les citoyens qui nous font état de leurs problèmes, et on essaye de les résoudre. On explique que malheureusement, des fois, on peut pas forcément tout résoudre. Mais c'est important d'être à l'écoute, parce que même si on ne peut pas résoudre un problème de logement immédiat, même si on peut pas résoudre un problème d'emploi immédiat, ça nous permet de construire les politiques publiques. Ca nous permet de construire, de comprendre comment on va mettre en place un dispositif, par exemple un dispositif d'accompagnement pour des jeunes, ou des étudiants qui sont un petit peu perdus quand ils sont à la fac. Ces demandes, même si on peut pas les traiter directement pour la personne, ça nous permet de mettre en place des dispositifs pour globaliser et répondre à ces demandes en général.

 

 

Fédé : Si on vous donnait l'opportunité d'avoir un super pouvoir pour améliorer vos quartiers, lequel serait-il ?

 

G.C : 

Je limiterais l'usage des réseaux sociaux dans les politiques publiques. Je trouve que les réseaux sociaux, dans le manque de nuance, compliquent les choses dans les rapports humains et citoyens, et je pense que ça serait une bonne chose d'avoir des formations, d'avoir une approche plus mesurée des réseaux sociaux. Donc s'il y avait un pouvoir, ce serait peut-être d'amener plus de nuance et de la mesure dans les échanges liés aux réseaux sociaux, c'est vraiment un mal-être de notre société actuelle.

 

 

Fédé : Si vous deviez remonter le temps pour rencontrer un ancien maire de quartier, lequel serait-il, et qu'est-ce que vous lui demanderiez ?

 

G.C : 

Madame de Veyrinas, sur le quartier, qui était une élue et qui était aussi à la politique de la ville au niveau national, et qui a beaucoup marqué le quartier de Reynerie.

On en parle souvent, donc j'aimerais pouvoir rencontrer cette personne, Madame de Veyrinas.

 

 

Fédé : Avez-vous déjà vécu un moment embarrassant lors d’un événement officiel?

G.C : 

Des trous de mémoire, ça a pu m'arriver (rires). On rencontre beaucoup de personnes, et de confondre des noms et prénoms dans une cérémonie officielle, oui ça m'est arrivé, c'est toujours embarrassant. Bon, on arrive à s'en sortir après par une pirouette (rires), mais l'oubli, le fait de confondre des noms et prénoms, c'est ma hantise.

 

 

Fédé : Dernière question, quelle est la chose que vous adorez faire pendant vos temps libres ?

G.C : 

Lire, courir. Je fais en sorte de lire au moins 2-3 livres par semaine, allez 2, je fais en sorte. (rires)

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