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Interview

INTERVIEW EXCLUSIVE AVEC OLIVIER ARSAC :

« MES JOURNÉES SE TERMINENT À MINUIT ! »

En décembre dernier, La Fédé a eu l’occasion d’interviewer l’élu en charge du commerce et le maire des quartiers Sept-Deniers, Ginestous-Sesquières, Lalande, Olivier Arsac.

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Fédé : 

Pour commencer, nous aimerions savoir, depuis combien d'années exercez-vous ce mandat de maire ?

 

Olivier Arsac : 

Depuis 2014, le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, dès le début, m'a nommé maire des quartiers Sept-Deniers, Ginestous-Sesquières, Lalande, en plus des délégations thématiques. Dans le premier mandat, la sécurité, la police municipale, et maintenant, la vie économique et le commerce.

 

Fédé:

Qu'est-ce qui vous anime le plus dans cette fonction, aujourd'hui ?

 

O.A : 

Ce qui m'anime le plus, c'est la passion des sujets que je porte. J'ai été passionné par les questions de sécurité, chacun le sait. Aujourd'hui, avec la vie économique, je reviens un peu à mes premiers amours. N'oublions jamais que dans une autre vie, j'ai été professeur d'économie.

 

La mairie de quartier, c'est autre chose. La mairie de quartier, c'est du concret, c'est le contact avec les gens.

Par conséquent, c'est passionnant aussi, parce que c'est la sensation d'être vraiment maire. Là, on fait des choses, concrètement, sur le terrain.

 

Fédé: 

Pouvez-vous nous raconter une anecdote d’un moment qui vous a marqué dans votre fonction ?

 

O.A : Le cas qui m’a particulièrement marqué est celui d’un jeune étudiant, qui, dans un état d’ivresse, s’est installé dans une benne à ordures et y a tragiquement perdu la vie lors de son passage à la déchetterie. Ce drame a été d’autant plus frappant qu’il a été possible, grâce aux caméras de surveillance de notre ville, de retracer tout son parcours avant cet incident. Cette tragédie m’a profondément choqué et ému.

 

Fédé:

Quelles sont vos interactions avec les autres élus de la ville ? Comment communiquez-vous avec eux ?

O.A : 

On communique beaucoup par mail, par message, par téléphone. On se voit dans les couloirs, entre deux réunions… On communique tout le temps.

Et il le faut, parce qu'on ne peut pas faire avancer ces dossiers seuls. On est toujours en collaboration avec nos partenaires élus de Toulouse et de la métropole, parce que, dans une mairie de quartier, ça touche aussi à leur délégation, forcément. Et donc, par conséquent, les rapports doivent être bons.

 

Mais parfois, comme dans la vie politique, comme dans toute organisation humaine, je pense à Airbus, qui est une grosse organisation humaine, comme nous aussi, les chefs de service, les directeurs, parfois ont des moments de tension, de rivalité, de discussion, de compromis. Et c'est ça aussi, la vie politique, quand on est élu local. C'est-à-dire qu'il faut faire avec les contraintes : les siennes, celles des autres, sa personnalité, celles des autres, et donc faire progresser ces dossiers en naviguant au milieu de ces contraintes.

Mais on y arrive ! (rires)

 

Fédé: 

Comme nous l’avons évoqué, vous êtes aussi l'élu en charge du commerce, depuis quand exercez-vous cette fonction ? Quels sont les principaux défis que vous avez à relever ?

 

O.A : 

Depuis 2020. Les principaux défis sont nombreux. Je pense particulièrement à une plus grande attention sur la manière d'aménager la ville, la cohérence des implantations commerciales. Sur un tel quartier, on sait que c'est un peu plus la restauration, ici, ça sera peut-être un peu plus la marque du luxe et premium, ici, les marques populaires…etc

 

Et donc, cette cohérence d'ensemble, elle est bénéfique.

Il faut la protéger, il faut la renforcer. Il faut la faire connaître aussi. 

 

L'autre enjeu important, c'est de garantir un flux important de chalands, de consommateurs.

Les questions d'accessibilité au centre-ville, la question du stationnement, les questions d'animation sont importantes. Alors, de ce point de vue, à Toulouse, on est plutôt gâté. Il se passe toujours beaucoup de choses. Il y en a pour tous les goûts. Ceux qui n'aiment pas la voiture peuvent prendre le linéo, le bus, le métro, le vélo… 

 

Les Bordelais me disaient combien c'était une force d'avoir 13 parkings souterrains en centre-ville. Eux, n'ont pas ça.

Et à Bordeaux, ils considèrent que ça exclut une certaine clientèle. Nous, nous l'avons. Et ça, c'est important.

 

Et puis, le commerce à Toulouse, ce n'est pas que le centre-ville. N'oublions jamais les quartiers. Je suis toujours très frappé quand je me déplace à la rencontre des commerçants et de leur association dans les faubourgs, de voir combien il y a beaucoup de commerçants qui renouvellent leur boutique. Ils font des trucs très sympas, avec des concepts innovants, des jolis produits… Et finalement, ils marchent bien.

 

C'est-à-dire que quand on sort de ce que j'appellerais un peu, tout le monde comprendra, le “boui-boui” du quartier, pour aller vers quelque chose de moderne et s'adapter à la nouvelle clientèle des faubourgs, eh bien, ça marche très fort. Et nous, on doit accompagner cela du mieux que l'on peut. C'est la stratégie des chœurs de quartier, avec le partenariat avec La Fédération des commerçants, avec la CCI..

On les aide et on les pousse à prendre des initiatives, de participer à la fête de quartier, d'avoir l'apéro des commerçants dans ce faubourg commerçant, qu'ils participent à des fêtes et aux illuminations de Noël à la fin de l'année. 

 

C'est notre manière de les accompagner. Ce sont autant de défis, évidemment.

 

Fédé:

Vous nous avez dit que vous aviez d'autres fonctions à la mairie notamment sur la sécurité. Est-ce que vous pouvez nous en parler davantage ?

 

O.A : 

Alors, ça, c'était dans l'ancien mandat. C'était la politique ambitieuse de sécurité menée à l'époque et qui se poursuit. Sauf qu'à l'époque, c'était une vraie rupture, puisqu'avant 2014, nous avions une autre municipalité, la municipalité Pierre-Cohen, qui ne voulait pas trop se mêler de ces questions, qui refusait de coopérer avec l'État sur ces questions, refusait l'effort sur les embauches de policiers municipaux, refusait l'effort sur l'installation de caméras.

Et donc, nous, on a fait tout l'inverse. Et d'ailleurs, ça participe beaucoup aussi à l'essor commerçant du centre-ville toulousain.

 

Il y a d'autres villes où les municipalités, comme à Bordeaux, à Lyon, refusent cet effort aussi désormais. Et on le sent bien, j'ai des retours des commerçants qui disent que ce n'est pas bon pour nous parce qu'un centre-ville qui est insécure, un centre-ville qui fait peur, c'est autant un centre-ville qui perd sa clientèle. Et donc, ce n'est pas bon pour le business.

 

Et donc, nous, depuis 2014, c'est garantir la tranquillité publique au bénéfice d'un centre-ville commerçant très dynamique. Ce n'est pas notre seule affaire, mais c'est notre affaire aussi aux côtés de l'État. Toute notre ambition à l'époque, ça a été d'assurer une présence de bleu, comme on dit, suffisamment forte et rassurante au quotidien.

 

La police de proximité qui patrouille à cheval, en vélo, à pied, ça rassure tant les commerçants que leurs clients. Les caméras aussi, beaucoup. Pourquoi les caméras ?

C'était 21 caméras en 2014. C'est aujourd'hui plus de 500. Tout l'hypercentre est quadrillé.

 

C'est-à-dire que s'il y a une razzia dans une boutique qui est vite signalée à la police, on peut suivre à la trace, aujourd'hui, dans les rues, ces gens qui croiront s'être enfuis impunément. Sauf qu'un kilomètre plus loin, ils se feront accueillir par une patrouille parce qu'en fait, ils ont été suivis. 

Donc tout cela, c'est aussi du préventif, c'est aussi des affaires judiciaires qui nous permettent d'endiguer tous ces problèmes.

Je ne dis pas que tout est parfait parce que les grandes métropoles aujourd'hui, dans tous les pays du monde, c'est toujours très compliqué. Mais à Toulouse, c'est endigué, c'est maîtrisé et donc c'est rassurant.

Fédé: 

Justement, comment vous tenez-vous au courant des besoins et des attentes des commerçants et des habitants de vos quartiers ?

 

 

O.A : 

Les attentes des commerçants, c'est le dialogue aussi avec les partenaires. Ils sont là pour porter leur voix et nous, on est là pour être à leur écoute, que ce soit leur syndicat professionnel, que ce soit la Fédération des commerçants de Toulouse avec qui le dialogue est bon, il est étroit. Je pense qu'ils sont très attentionnés à ces questions-là, d'accès au centre-ville pour leurs adhérents, de sécurité, d'animation, d'illumination pour Noël, etc.

 

Au niveau du quartier, là, l'écoute, elle est permanente, quotidienne, et on n'en manque pas parce qu'on a beaucoup de moments de se rencontrer au travers des réunions de concertation vers les deux grandes réunions publiques de quartier, celle du printemps et celle de l'automne, au travers de nos permanences.

Vous voyez, cet après-midi, je vais faire tout un après-midi de permanence, et chaque fois, entre 10 et 15 personnes par vendredi que je reçois. 

Ces personnes attendent du concret dans leur environnement proche, et il ne faut pas négliger cet aspect. Il n'est pas moins noble que les autres à résoudre leurs problèmes près de chez eux. C'est aussi ça, notre mission.

 

Fédé:

Aujourd'hui, quels sont les projets que vous avez mis en place récemment, et dont vous êtes le plus fier ?

 

 

O.A : 

Dans le quartier, la réalisation dont je suis la plus fière, c'est dans le mandat précédent, au quartier Ginestou, la réalisation d'un golf, en lieu et place de ce qui était un camp de rhum, en termes de tremplin pour le quartier, de valorisation, en termes de coopération avec la Ligue, lors de notre partenariat avec eux, mais aussi en termes d'accès pour tous, puisque c'est un golf démocratique, à 50 euros d'abonnement par mois.

Donc quelque chose qui est accessible, un partenariat où les scolaires, les clubs de prévention de la ville, peuvent amener des jeunes en déshérence pour leur faire connaître autre chose. Je suis très fier de cela, et c'est une valorisation pour les Sept Denier et pour Ginestou.

Pour les commerçants, je ne sais pas de quoi je suis le plus fier, mais je crois que je serai assez fier si j'arrive à ramener à Toulouse une très grande marque pour lancer un nouveau rayonnement de Toulouse. Je ne vais pas la citer, mais chacun comprendra. (rires)  On y travaille beaucoup, on essaie de les convaincre.

 

Fédé: 

Et comment vous voyez l'avenir de vos quartiers dans les prochaines années ?

 

O.A : 

Ce sont des quartiers, pour un d'entre eux qui vit très bien, Sept Deniers, encore plutôt haut de gamme, à l'esprit village, qui a trouvé toute son harmonie. Ginestous-Sesquières c'est un autre quartier différent qui ne s'est beaucoup pas amélioré. J'en parlais avec le Golf, avec la Zagaronne, qui est une pépite d'entreprises magnifiques, inconnues.

Et la partie nord, elle est plus difficile parce qu'on a des camps, les gens du voyage sédentarisent un peu plus à problème, mais qu'on essaye de réguler avec le temps. 

Donc c'est un quartier qui va évoluer encore. Et puis la Lalande, c'est un quartier qui a enfin trouvé sa stabilité.

C'est un quartier qui avait été traumatisé par 10 années d'urbanisme, trop rapide, non accompagné par les investissements. Et depuis 2014, on a eu une nouvelle décennie où on a au contraire quasiment, pas stoppé, mais fortement ralenti l'urbanisme. Et on a réinvesti fortement en écoles, en crèches, en équipements sportifs, en voiries, et trottoirs.

 

Et donc, ce quartier qui était encore maraîcher au début de son urbanisme, il y a 20 ans, est devenu un quartier qui s'est remis à niveau par rapport aux autres et qui vit finalement pas trop mal, même si je trouve qu'il manque encore beaucoup d'animation (rires). Ce sera l'enjeu d'un futur mandat.

 

Fédé:

Au-delà de vos fonctions, avez-vous une autre activité dans le privé ?

 

O.A :

Alors, quand j'ai été élu, j'étais encore professeur d'économie, donc j'avais une autre vie effectivement. Et après, j'ai quitté l'enseignement parce que je considérais que c'était génial, mais j'avais fait mon temps. J'avais envie de voir autre chose.

Alors je suis devenu un peu commerçant moi aussi puisque je suis devenu agent immobilier. Et je le suis encore, même si je ne le suis plus beaucoup parce que je n'ai plus de temps. 

 

Fédé:

Pouvez-vous nous décrire à quoi ressemble la journée d’un élu ? 

 

O.A :

Une journée type, c'est une journée où on galope du matin au soir, remplie de réunions diverses, de coups de fil urgents, de rendez-vous individuels ou en petits groupes, de rencontres avec les collègues pour discuter comme on le peut, soit entre dans le couloir, au téléphone, là aussi. Une journée type, c'est une journée où on rentre tard, souvent, après 20h.

 

Et c'est une journée type qui se termine par le traitement des mails, parce qu'avec cette journée on n'a pas pu le faire en journée. Il ne faut pas prendre du retard parce que sinon, ça s'accumule trop. C'est toujours beaucoup de mails dans la journée.

Donc, c'est une journée qui se termine, après le repas, elle reprend vers 22h et elle va se terminer vers minuit.

 

Fédé:

Que faites-vous quand vous avez besoin de vous détendre après une journée stressante ?

 

O.A : 

Eh bien, écoutez, bonne question. Parfois, en fin de journée, quand j'ai terminé l'aventure, j'ai une baffle ici. Donc, je mets un peu de musique pour finir le travail tranquillement.

 

Fédé:

Justement, on aimerait bien savoir quelle est votre musique ou votre groupe préféré ?

O.A : 

Ce ne sont pas des groupes, ce sont des DJ, moi c'est la culture années 90, culture Laurent Garnier.

 

Fédé:

Une dernière question, quel est votre plat préféré ?

 

O.A :

Ah. Des choses simples, du terroir : le bœuf bourguignon, des bonnes endives.

J'en ai mangé hier soir. Un plaisir (rires).

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